Zootopie, un film sur les différences

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Zootopie


Zootopie est le 135ème long-métrage d’animation des studios Disney réalisé par Byron Howard et Rich Moore, les créateurs de La Reine des Neiges et Les Nouveaux Héros. Entièrement réalisé en images de synthèse, le film est une comédie policière se déroulant dans la ville de Zootopie où les habitants sont des animaux anthropomorphes.


Zootopie raconte l'histoire de l'optimiste et intrépide lapine Judy Hopps, lieutenant et nouvelle recrue de la police de Zootopie, ville exclusivement peuplée d’animaux anthropomorphes, et qui cherche à faire ses preuves en enquêtant sur la disparition d'une loutre avec l'aide du renard escroc Nick Wilde.


Les principaux interprètes en version originale sont Ginnifer Goodwin (Judy Hopps), Jason Bateman (Nick Wilde), J.K Simmons (Leodore Lionheart), Jenny Slate (Bellwether) et Nate Torrence (Benjamin Clawhauser).
Dans la version française, il s’agit de Marie-Eugénie Maréchal (Judy Hopps), Alexis Victor (Nick Wilde), Xavier Fagnon (Leodore Lionheart), Claire Keim (Bellwether) et Fred Testot (Benjamin Clawhauser).
De plus, Zootopie est également le quatrième film d’animation de l’histoire du cinéma à passer le milliard de dollars de recettes au box-office mondial.


Aux Etats-Unis, son pays de production, le film est acclamé par la critique, élogieuse sur l’animation, le jeu des acteurs donnant leur voix aux personnages ainsi que le scénario ; elle souligne l’actualité des thèmes abordés par le film comme les préjugés et les stéréotypes.


Nous étudierons en quoi Zootopie joue sur les préjugés et les stéréotypes pour les dénoncer.


UN FILM QUI SE DISTINGUE DES AUTRES DISNEYS
Zootopie s’éloigne des idées habituelles des animations de Disney : il ne présente, pour une fois, pas le traditionnel couple du prince et de la princesse qui finissent par se marier, mais un duo d’amis. En effet, ils ont la même importance dans le déroulement de l’action principale du film. C’est la seule animation Disney Classique qui se déroule dans la société actuelle, ce qui nous touche davantage.
De plus, contrairement aux habitudes de Disney, cette animation n’est pas présentée comme une “comédie musicale”, car à aucun moment les personnages ne chantent.
On retrouve quelques apparitions et rappels de certaines productions antérieures et postérieures à Zootopie. Effectivement, Disney semble avoir à plusieurs reprises du recul sur ses propres créations, et de l’autodérision comme le fait remarquer, par exemple, le chef Bogo qu’on entend répondre à Judy : “La vie n’est pas une comédie musicale où il suffit de chanter une chanson pour vous libérer, délivrer de votre petite vie morne”. Cette réplique exprime la volonté de la célèbre compagnie de briser ses codes traditionnels.


CONTRE LE SEXISME
Zootopie est un film à portée critique sur la société. On peut y voir différentes formes de critiques et il est important de se rendre compte qu’il y en a deux sortes bien différentes dans cette oeuvre : une critique directe et une autre plus subtile, indirecte. Le sexisme n’est pas n’est pas ici un moteur principal de l’intrigue mais on peut peut néanmoins le ressentir à certains moments et le voir en opposition avec une forte féminisation du film avec une “prise de pouvoirs” des éléments féminins (l’héroïne et la méchante) et une mise au second rang des personnages masculins. De ce fait, la femme a perdu son côté faiblard et dépendant que l’on pouvait ressentir dans les oeuvres antérieures de Disney  pour laisser place à un personnage à part entière, avec un but précis et prêt à tout pour y arriver.


CONTRE LE RACISME
Zootopie se distingue des autres films Disney par sa vocation critique très prononcée. Ancré dans la société actuelle, il dénonce les préjugés dus au racisme : en apparence, les deux groupes d’habitants (proies et prédateurs) semblent vivre en parfaite harmonie, mais en vérité certaines proies ont toujours peur des prédateurs - la majorité a peur de la minorité (les prédateurs ne représentent que 10% de la population de Zootopie). Ici, il est question de l’amalgame entre les musulmans et les terroristes, que les sociétés occidentales ont tendance à faire, parfois même malgré elles.
La discrimination proie/prédateur n’est pas la seule pointée du doigt. Les renards sont forcément fourbes et méchants, les lapins forcément faibles, les éléphants ont forcément une mémoire incroyable, les brebis sont forcément douces, les lions sont forcément nobles… Et tous ces clichés sont détruits. Zootopie nous enseigne une belle leçon, selon laquelle notre naissance ne définit en rien ce que nous sommes. “A Zootopie, on peut être ce qu’on veut !”


DES APPARENCES TROMPEUSES


Outre le fait que ce soit la délicate et (en apparence) inoffensive brebis Bellwether qui soit la grande méchante de l'histoire, Zootopie regorge de façades derrière lesquelles se cachent une multitude de petits messages de tolérance qui nous invitent à la réflexion et à la prise de distance dans nos dans nos jugements au quotidien. Tout commence avec Judy, une petite lapine animée par de grands idéaux et déterminée à entrer dans la police, envers et contre tout. Notre héroïne compense sa « faiblesse physique » par son intelligence et sa grandeur d'âme. Ce sont ces qualités d'ailleurs qui la mènent sur la piste de la vérité puisque, elle-même victime des préjugés, Judy a à cœur de creuser plus loin que les « évidences ».
Prend place, malgré lui, à ses côtés dans cette aventure Nick, un renard, escroc professionnel comme le veut la nature, enfin d'après les apparences. Mais en vérité c'est après avoir été « remis à sa place » par ses camarades scouts quand il était enfant que Nick a accepté de se comporter comme on l'attend de lui. La rencontre de nos deux protagonistes, ennemis naturels selon les lois naturelles, se fait dans le seul contexte dans lequel on accepte Nick : un astucieux plan élaboré par ses soins pour arnaquer sans efforts ceux qui travaillent traditionnellement, pour lequel d'ailleurs Judy donne un coup de main, embobinée par la première étape du plan (à savoir faire passer son coéquipier pour son fils, afin d’arnarquer les vendeurs de glace). Il est évident pour le spectateur à ce moment du film que Judy et Nick vont former une alliance improbable, par respect des grands codes du film d'animation (cf Raiponce), mais il est loin de se douter de ce qui se cache sous les quelques attaques de prédateurs revenus sans raison à l'état sauvage.
L'un des personnages secondaires les plus utiles dans l'enquête s'avère être le chef de la mafia, qui n'est pas, comme le suppose Judy qui se laisse avoir par ses à prioris, l'un des imposants ours polaires, mais une minuscule taupe qui les terrorisent tous (c’est une référence au Parrain).
Le maire, Lionheart, un lion naturellement, est soupçonné pendant un temps d'avoir fomenté la domination des prédateurs, mais il s'avère qu'il est bien vite dépassé par les événements et bien trop occupé à conserver son image pour être impliqué dans cette affaire. Et pour cause, c'est son adjointe, Bellwether, qui se cache derrière tout ça. Son projet ne repose que sur une chose : les préjugés. En rendant fou quelques prédateurs, la peur que les autres le deviennent se répand bien vite et lui permet de prendre le contrôle de la ville à la place du lion, assurant la domination des proies.


Pour conclure, nous pouvons dire que Zootopie confirme une nouvelle ère pour Disney. Nous ne retrouvons plus la belle princesse attendant son grand amour pour la libérer d’une quelconque malédiction ou d’un méchant depuis Rebelle en 2012. Les princesses savent se battre, se défendre, être indépendante et se passer du mariage comme nous pouvons le voir avec Elsa de La Reine des Neiges en 2013 ou encore l’héroïne de Vaiana sorti en 2016. Les préjugés que Disney pouvait véhiculer comme avec Pocahontas en 1995, sont aujourd’hui pointés du doigt dans Zootopie. Le film se moque des préjugés et en joue, faisant des “ prédateurs “ des victimes d’un complot mené par une brebis qui avait l’air douce. Zootopie casse alors en deux heures le sexisme, le racisme et trompe les spectateurs sur les apparences. Assistons-nous à un grand changement de l’entreprise Disney qui pourrait changer tous les films de la production ?

2 commentaires:

  1. L'article est super ! Vous traitez tout les sujets qui ressortent du Disney beau et bon travail :)

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